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venir du pauvre soldat, la petite médaille de la sainte Vierge que j’avais attachée à son cou huit jours auparavant, mais cela me fut impossible, elle avait disparu, et son frère, non plus que moi, n’en entendit jamais parler.

Le lendemain à midi, je me rendis à la chapelle de l’hôpital ; toute la compagnie de Louis, le corps des officiers en tête, assista avec recueillement à la cérémonie funèbre. Puis le cortège se mit en marche pour le cimetière ; les soldats marchaient sur deux lignes, le fusil baissé vers la terre ; le cercueil était porté par des camarades de Louis ; je suivais par derrière avec les officiers. Nous arrivâmes ainsi au cimetière du Mont-Parnasse, où sont enterrés les soldats qui meurent à l’hôpital du Gros-Caillou. Le cercueil disparut bientôt sous la terre que les fossoyeurs rejetèrent par-dessus, et tout le monde se retira, officiers et soldats. C’en était fait, tout était terminé, et Louis avait définitivement disparu de ce monde, ne laissant pour seules traces de son passage ici-bas que des larmes silencieuses que le temps devait bientôt sécher, si ce n’est dans les yeux de sa mère.

En quittant le cimetière, je commandai une croix de bois portant le nom du pauvre soldat, son âge et la date de sa mort, afin que le signe sacré de la Rédemption indiquât la place où reposaient ses restes mortels ; mais son frère m’envia ce soin pieux et voulut s’acquitter seul de ce dernier devoir. Peu de temps après, quand il fut sorti de l’hôpital, ce noble jeune homme, alors sous-lieutenant, aujourd’hui un des officiers supérieurs les plus distingués et les plus chrétiens de l’armée, vint me voir et me remercier. Nous nous aimâmes bientôt, et de ce jour a daté pour nous une liaison sérieuse et chrétienne qui, née sur un tombeau, ne finira pas même avec notre vie.