ton ami et qui chercha à adoucir les derniers moments de ton passage sur la terre !
C’est ainsi que se passaient mes visites à l’hôpital. Après quelques dernières paroles d’espoir et de religion, je disais adieu à mon malade, j’embrassais son front humide et froid et, quand je refermais la porte de la salle, j’apercevais encore son regard qui me suivait.
La dernière fois que je le vis, ce fut le dimanche 23 février 1851 : je devais partir le lendemain pour un voyage de cinq à six jours. Je trouvai Louis un peu mieux ; on l’avait changé de lit. Je lui dis que j’allais m’absenter une partie de la semaine et que je ne pourrais venir le voir le jeudi suivant, mais que je viendrais certainement le dimanche. Cette nouvelle t’affligea sans le tourmenter beaucoup ; ce jour-là il avait bon espoir, et j’avoue que je partageai un peu sa confiance. Je lui avais apporté quelques petites médailles de la sainte Vierge en argent je lui en mis une au cou et je serrai les autres dans son portefeuille, pour qu’il pût au besoin en donner à ses camarades d’hôpital. Il me remercia beaucoup et parut ravi d’avoir sur son cœur l’image de la sainte mère de Dieu. Quoiqu’il ne se fût pas encore confessé, il était dans d’excellentes dispositions, et j’étais assuré qu’à l’instant où il se sentirait en danger, il ne manquerait pas de demander l’aumônier. Je partis donc plus tranquille que de coutume et lui dis au revoir sans trop d’inquiétude.
Quand je revins à Paris, le samedi matin, je trouvai la lettre suivante, que m’adressait un camarade de régiment de Louis, alors à l’hôpital comme lui.
« Mon cher monsieur, je m’empresse de vous faire savoir la triste situation de K***, son mal empire de plus en plus. À midi, il a eu la visite d’un sous-lieutenant auquel il a encore pu parler ; à midi et demi, il a été plus