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II

UNE VISITE À L’HÔPITAL MILITAIRE.


Après les journées de juin 1848, un bon prêtre de l’église des Missions étrangères, désirant venir en aide aux besoins des nombreux soldats casernés à l’École militaire et dans les baraques des Invalides, eut la pensée de les réunir dans une chapelle basse de son église, pour les instruire, leur parler de Dieu, et, par l’attrait du bien, les préserver du mal.

À cette époque, la belle chapelle de l’École militaire servait de magasin à fourrage et n’avait point encore été rendue au culte, comme elle l’a été depuis par l’ordre de l’Empereur. L’église des Missions étrangères devint donc bientôt, avec celle du Gros-Caillou, où une œuvre semblable avait été établie, la paroisse d’adoption des soldats chrétiens de ce quartier, et, les jours de fête surtout, ils y venaient en grand nombre. J’aimais à assister à ces réunions militaires, dont le charme simple et pieux me touchait jusqu’au fond du cœur. J’aimais aussi à revoir quelques-uns de ces bons soldats chez le prêtre dévoué qui s’était en quelque sorte improvisé leur aumônier et qu’ils chérissaient comme un père.

Parmi ces militaires, je ne tardai point à en distinguer un auquel je vouai bientôt une affection particulière.