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ce n’est pas seulement votre argent, votre temps, votre famille, votre patrie ; vous leur avez donné votre vie tout entière, vos sueurs, vos tortures et votre sang, les plus héroïques à la fois et les plus humbles des hommes, persévérants, infatigables, inaccessibles à la crainte, bénissant Dieu de toutes choses, priant pour vos bourreaux au milieu des supplices, et rendant le dernier soupir dans la joie, le pardon et la charité !

Voilà ce que sont les vrais serviteurs de Jésus-Christ, les missionnaires et les martyrs ! Voilà les hommes qu’enfante la sainte Église catholique, et qu’elle enfante seule depuis dix-huit cents ans[1] ! Voilà, entre mille autres réponses, sa réponse la plus frappante peut-être à tous les outrages de ses ennemis, à toutes les difficultés des incrédules, à toutes les prétentions des hérétiques ! Elle montre ses missionnaires, ses sœurs de charité, ses martyrs et ses saints ! Aujourd’hui comme il y a dix-huit siècles, ce sont là ses joyaux, ses diamants et ses perles ! C’est la couronne immortelle et inimitable à laquelle le monde a toujours reconnu sa souveraine et sa mère ! Un grand sage l’a dit : « Le beau est la splendeur du vrai ; » et l’on peut dire, en appliquant cette sublime pensée à l’Église, que la sainteté de ses vierges, de ses confesseurs et de ses martyrs, qui réalise le type du beau moral ici-bas, est le signe, le rayonnement et la splendeur de son inaltérable vérité.

  1. Car, en bonne conscience, je ne puis appeler missionnaires ces honnêtes ministres, bons époux et bons pères, qui vont s’établir avec leurs femmes et leurs enfants sur des rivages sûrs et bien protégés pour donner des Bibles et vendre du coton ; et, quant aux martyrs, je ne reconnais pour tels que les hommes qui donnent leur vie pour la vérité qu’ils connaissent et qu’ils aiment, et qui meurent volontairement, doucement, humblement, en priant pour leurs ennemis et en pardonnant à leurs bourreaux. (Note de l’auteur.)