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« Soyez tranquille, mon bien-aimé, lui écrivit-il toutes vos intentions seront remplies, toutes vos commissions seront faites. Je prendrai un soin tout spécial de vos compagnons de captivité et des autres personnes auxquelles vous portez intérêt je serai pour eux un bon père. Vous me demandez pardon mais je ne sais quel pardon vous donner : vous ne m’avez jamais offensé en rien. Vous savez que je vous ai toujours bien sincèrement aimé, et maintenant je vous aime plus que jamais. La bénédiction que vous sollicitez, je vous l’ai donnée dès l’époque de votre arrivée dans cette mission elle est restée sur vous jusqu’à ce jour, elle vous suivra jusque dans l’éternité. Je vous ai donc béni il y a longtemps cependant je vous bénis encore. Que la force de Dieu le Père vous soutienne dans l’arène des héros, où vous allez entrer ; que les mérites de Dieu le Fils vous consolent sur le Calvaire, où vous allez monter ; que la charité de Dieu ta Saint-Esprit vous enflamme dans le cénacle de votre prison, d’où vous allez sortir pour cueillir la palme des martyrs. Oui, soyez béni, mon bien-aimé, et, quand vous serez dans le ciel, bénissez nous à votre tour ; bénissez cette mission et tous nos chrétiens, que vous aimez d’une si vive tendresse. Soyez notre avocat, notre protecteur tant que nous serons encore sur cette terre de boue ; intercédez pour nous auprès de Dieu, pour que nous puissions être bientôt vos compagnons de félicité Adieu, ô mon bien cher ami ! Il se fait tard, séparons-nous. Nous nous verrons dans la patrie : adieu ! adieu adieu ! »

À ce suprême adieu le saint martyr fit une dernière réponse, qui fut comme son testament :