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C’étaient les paroles du Sauveur à Judas.

Le bourreau, dont la main tremblait, dut le frapper plusieurs fois, ce ne fut qu’au troisième coup que le martyr consomma son sacrifice. Ses restes mortels, comme ceux de ses bienheureux confrères, furent recueillis et ensevelis par les chrétiens, mais demeurèrent en Asie, et le séminaire des Missions étrangères n’a d’autre souvenir de lui que te tableau qui représente son exécution.

Je ne parlerai point, pour abréger ce récit, déjà bien long, de l’arrestation, de la captivité et des interrogatoires de M. Bonnard. Je me bornerai, avant de raconter son martyre, à citer deux lettres de lui, et une autre de monseigneur Retord, son évêque, qui respire une tendresse d’âme et une ardeur de foi vraiment sublimes, et qui prouvent, une fois de plus, que les missionnaires savent aimer comme ils savent mourir.

« Hier, écrit M. Bonnard dans sa prison, j’ai eu le bonheur de recevoir la sainte communion après m’être confessé. Il y a bien longtemps que je n’avais ressenti autant de joie en possédant le Roi des anges. Vraiment il faut être en prison, la chaîne et la cangue au cou, pour pouvoir exprimer combien il est doux de souffrir quelque chose pour Celui qui nous a tant aimés. Mes deux jeunes gens et deux autres captifs ont eu le même bonheur. J’éprouve plus de contentement de mon sort qu’aucun heureux du siècle dans la plus brillante prospérité. Ma cangue et ma chaîne sont pesantes ; croyez vous que j’en sois peiné ? Oh non, je m’en réjouis, au contraire, car je sais que la croix de Jésus était bien plus lourde que ma cangue, que ses chaînes étaient bien plus difficiles à supporter que les miennes ; et je me trouve bien heureux de pouvoir me dire avec saint Paul Vinctus in Christo. Depuis mon enfance, j’avais souhaité ce