prise, offre des circonstances moins affreuses, mais non moins admirables que celui de Cornay et Marchand : ils moururent l’un et l’autre le 1er mai, à deux ans d’intervalle.
M. Schœffler monta au ciel le premier ; c’était en 1850. Il fut arrête au mois de mars et traduit devant les grands mandarins de la province, qui lui firent subir plusieurs interrogatoires. Il répondit avec une tranquillité et une liberté toutes chrétiennes « qu’il se nommait Augustin, qu’il était Français, natif du diocèse du Nancy, prêtre de la religion catholique, âgé de vingt-neuf ans ; qu’il était venu dans ce pays pour y prêcher l’Évangile que, depuis son arrivée, il s’était occupé uniquement à cette fonction toutes les fois qu’il l’avait pu ; qu’avant de quitter la France il savait fort bien que la religion catholique était sévèrement prohibée dans ce royaume, et que ses prédicateurs y étaient mis à mort, mais que c’était précisément cette considération qui l’avait engagé à se diriger vers ce pays plutôt qu’ailleurs ; que, depuis son arrivée, il avait parcouru plusieurs provinces, habité dans plusieurs maisons dont il ne se rappelait pas clairement les noms, mais que, lors même qu’il se les rappellerait, il ne les dénoncerait jamais aux mandarins.
Un arrêt de mort répondit à cette profession de foi. Il était ainsi conçu :
« Malgré la sévère défense portée contre la religion de Jésus, le sieur Augustin, prêtre européen, a osé venir clandestinement ici pour la prêcher et séduire le peuple. Arrêté, il a tout avoué avec vérité. Son crime est patent. Que le sieur Augustin ait la tête tranchée et jetée dans le fleuve ! »
Rien ne peut rendre l’allégresse du jeune missionnaire la nouvelle de sa condamnation et pendant les préparatifs même de son exécution. Lui qui, avant de quitter