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dans la chambre des martyrs, à droite de monseigneur de Borie.

Quand la mère de M. Jaccard apprit le martyre de son fils, elle poussa un cri où la joie de la chrétienne l’emportait sur la douleur de la mère : « Dieu soit béni ! dit-elle, je suis délivrée de la crainte que j’éprouvais, malgré moi, de le voir succomber à la tentation des douleurs ! L’année d’avant, en apprenant que son fils était captif et qu’il serait probablement mis à mort, cette admirable chrétienne c’était déjà écriée : « Oh ! quelle bienheureuse nouvelle ! quel bonheur pour notre famille de compter parmi ses membres un martyr de Jésus-Christ ! »

Il serait trop tong de raconter l’histoire de tous les martyrs indigènes dont les tombeaux de cette chambre sacrée représentent le supplice mais, parmi ces tableaux, il en est quelques-uns qui retracent le martyre de quatre autres missionnaires français, martyre accompli dans des circonstances si horribles de la part des bourreaux, si touchantes de la part des victimes, que je ne puis les passer sous silence.

Un de ces tableaux représente un homme attaché à un poteau, les yeux levés au ciel, tout couvert de blessures et de sang. À ses côtés, des bourreaux armés de couteaux et de tenailles déchirent ses membres et luttent dans sa chair vive. Cet homme est M. Marchand, missionnaire apostolique, martyrisé en Cochinchine, le 30 novembre 1833. après d’épouvantables souffrances Accusé faussement du crime de rébellion et justement du crime d’avoir aimé et prêché l’Évangile, il subit la mort après de si horribles tortures, que je n’ai pas le courage de les raconter longuement, telles que les témoins oculaires les ont décrites. Qu’il me suffise de dire qu’à trois reprises différentes cinq bourreaux, armes d’énormes