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qui puisse nuire au peuple et offenser le Maître du ciel, je ne le ferai jamais ! »

Voilà ce que renferment, dans l’humilité de leur retraite, les cellules du séminaire des Missions étrangères ; voilà les témoins vivants de la vérité et de la charité catholiques, qu’abrite l’ombre de ce toit vénérable !

Mais il est, dans ce séjour de bénédiction, une autre chambre plus sainte et plus vénérable encore, la seule dont je veuille parler ici, une chambre consacrée par les ossements qui l’habitent, véritable sanctuaire où l’on ne doit pénétrer qu’avec le recueillement de l’admiration c’est la chambre des martyrs.

Je plaindrais l’homme, je ne dis pas le chrétien, qui ne se sentirait ému jusqu’au fond du cœur en mettant le pied dans cette chambre où sont réunis les images, les reliques et les souvenirs des saints qui ont souffert la mort le plus récemment pour l’amour de Jésus-Christ. À la vue de tous les objets sacrés qu’elle renferme et que le regard embrasse du premier coup d’œil, un respect religieux s’empare invinciblement de l’âme malgré soi l’on se signe et l’on baisse la voix comme dans une église.

Tout, en effet, dans ce lieu sacré, parle aux yeux comme au cœur. Les murs sont couverts d’un papier rouge sur lequel se détachent des palmes dorées, emblèmes de l’éternelle récompense. Les fenêtres qui donnent sur le jardin sont également tendues de rideaux rouges, dont les reflets ardents communiquent à toute la chambre un air la fois mystérieux et enflammé : on sent que c’est là la demeure de l’amour, de cet amour plus fort que la mort, qui s’est consommé dans le sang et le sacrifice, amour de Jésus-Christ pour ses créatures, et des martyrs pour Jésus-Christ.

On est également frappé, en entrant dans ce sanctuaire,