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âmes, la soif insatiable du sacrifice et de la charité. Cette maison est certainement une des plus vénérables du monde entier. Tout y prêche l’esprit de détachement, de dévouement et d’immolation ; c’est un séminaire d’apôtres et de martyrs. Si je voulais introduire à ma suite le lecteur dans les humbles cellules de ses habitants, il y trouverait dans toutes des chrétiens doux, aimables, souriants, qui brûlent de souffrir pour Jésus-Christ, et dans plusieurs des prêtres qui ont déjà souffert pour lui, des missionnaires éprouvés et généreux, qui ont supporté la faim, la soif, les dangers des longs voyages, des forêts et des déserts, la menace incessante de la persécution et des supplices, et qui, épuisés par l’excès même de leur dévouement, sont revenus en France pour se préparer, dans le repos, à de nouvelles souffrances.

Il trouverait même dans une de ces cellules aimées de Dieu un vénérable confesseur de la foi, un homme qui a eu l’honneur et la joie incomparable d’être enchaîné, flagellé, torturé, condamné à mort pour le nom du Sauveur Jésus, et qui n’a échappé que par miracle au glaive du bourreau un homme qui, chargé de fers et traîné de prison en prison comme un malfaiteur, écrivait à ses confrères : « Je fais le chemin de la croix, et j’espère, avec la grâce de Dieu, monter bientôt au Calvaire ! » qui, rencontrant dans un de ces douloureux trajets un catéchiste de son évêque, lui disait en souriant « Tu diras à Monseigneur que j’aime mieux ma cangue que sa mitre, et ma chaîne que sa crosse ; il n’y a que la croix qui vaille quelque chose, mais j’en ai de plus précieuses que la sienne ! » en un mot, un héros chrétien dont un autre missionnaire, témoin de son courage et de ses souffrances, raconte en ces termes l’admirable énergie

« .....À défaut de révélation, on voulut l’apostasie.