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tion reste possible ? Une seule, mon avis, l’explication catholique. De même qu’en saint François d’Assise, sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse et tant d’autres serviteurs et servantes du Seigneur, Dieu a voulu manifester sa puissance et sa miséricorde dans la personne de cette pauvre et sainte fille, bien petite devant les hommes, mais bien grande devant lui ! La voyant humble et pieuse, enflammée d’amour pour lui et tout entière à la méditation de sa Passion douloureuse, Jésus-Christ a voulu l’associer à ses souffrances pour l’associer plus tard à sa gloire, et il a daigné lui conférer l’honneur insigne d’être son image vivante et souffrante et comme son témoin durant son passage en ce monde. Elle a accepté le pacte divin que lui offrait son bien-aimé, et certes, malgré toutes les répugnances de la chair, elle n’eût pas échangé ses douleurs contre toutes les joies de la terre. Voilà, quant à moi, l’explication que je trouve au fait prodigieux que je viens de raconter, et je m’y tiendrai tant qu’on ne m’en aura pas présenté une autre qui me semble plus raisonnable.

J’ai dit que Dieu avait ainsi manifesté dans sa servante, non seulement sa puissance, mais aussi sa miséricorde. Jamais, en effet, la miséricorde divine ne se manifesta plus vivement qu’au Calvaire c’est par les prières et le sang de son Fils unique, Jésus-Christ, que Dieu a sauvé le genre humain, et c’est encore par la prière, les larmes et le sang de ses serviteurs unis aux mérites de Jésus-Christ qu’il poursuit dans le temps l’œuvre de notre rédemption. J’ai, donc eu raison de dire que la stigmatisation de Domenica Lazzari fut une grande œuvre de miséricorde, pour elle d’abord, puis pour ceux qui l’entourèrent, enfin pour l’Église entière.

Pour elle, parce qu’elle a demandé, accepté, aimé ses souffrances ; parce qu’elle s’est sanctifié dans les larmes