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sère même qui l’entoure et l’absence de tout intérêt personnel, tout cela repousse absolument toute supposition de supercherie ou de ruse. Il est à remarquer en effet, pour elle comme pour Marie de Mœrl, que, malgré l’extrême pauvreté de sa famille, jamais Domenica ni les siens n’ont accepté ni reçu le moindre secours de ceux qui la visitaient. Tous lui ont demandé l’aumône de ses prières ; tous ont reçu d’elle, elle n’a rien reçu d’eux : ils sentaient en sa présence qu’elle était la vraie riche devant Dieu, et qu’eux seuls étaient les pauvres et les mendiants.

La fraude écartée, voudra-t-on expliquer l’état de l’addolorata par le magnétisme ou la maladie ? Les médecins ont déjà répondu, et à leur défaut le bon sens répondrait : Non ! avec une certitude souveraine. Il est trop clair que jamais ni magnétisme ni maladie naturelle d’aucun genre n’a pu et ne pourra couronner de trous sanglants la tête d’une femme, lui percer les pieds et les mains de trous larges et profonds, lui faire une plaie au côté, ni maintenir ces blessures toujours vives et toujours saignantes pendant de longues années, sans aucune trace d’inflammation ni de corruption. Que sera-ce du sang que ces plaies rendent tous les vendredis, de l’absence de tout sommeil, de toute nourriture, enfin de cette agonie, qui pour Domenica Lazzari se prolongea pendant près de quinze ans, et la tint pendant tout ce temps véritablement clouée à la croix de Jésus-Christ ! Non, devant tous ces faits une fois admis, la science est absolument impuissante à comprendre comme à expliquer ; les médecins qui ont vu la stigmatisée l’ont reconnu, et ils ont attesté que son état était non seulement étrange et extraordinaire, mais absolument en dehors des lois de la nature humaine.

La fraude et la maladie mises de côté, quelle explica-