à l’autre. C’est ainsi qu’ayant laissé l’allemand à Kaltern, nous retrouvions l’italien à Capriana. Je comprenais cette langue comme tout le monde ; mes compagnons la parlaient à peu près couramment : la conversation était donc possible pour moi, et pour eux facile. Nos hôtes, bons et simples paysans, furent profondément étonnés quand ils surent le motif de notre long voyage. Ils levaient les mains au ciel, prenaient les nôtres et s’extasiaient sur ce qu’ils appelaient notre courage et notre foi. Avoir fait près de quatre cents lieues pour venir constater et contempler les merveilles de la puissance et de la miséricorde divine leur paraissait une action admirable. Pauvres et heureuses gens ! Leur simplicité nous faisait sourire, et leur foi profonde et naïve nous paraissait bien plus admirable que la nôtre ! du reste, nous ne pouvions mieux rencontrer, car ils étaient de Capriana, et même assez proches parents de la vierge stigmatisée que nous allions voir. Ils avaient joué enfants avec elle ils l’avaient vue grandir et avaient été les témoins de sa sainte et douloureuse existence. Ils nous attestèrent la parfaite véracité de ce que nous avions lu sur elle, nous racontèrent comment, depuis douze ans, elle vivait, d’une vie toute surnaturelle, portant à son front, à ses mains, ses pieds et à son côté, les plaies de Jésus-Christ, toujours mourante et vivant toujours, ne mangeant rien, ne buvant rien, ne dormant jamais, perdant tous les vendredis des flots de sang par ses blessures vénérables, et souffrant toutes les douleurs de la Passion. Tout cela s’était passé et se passait tous les jours sous leurs yeux, et j’avoue que jamais témoignage ne me fit une impression plus vive par sa simplicité même que celui de ces pauvres montagnards.
Ils ajoutèrent que la stigmatisée comprenait toutes tes langues, ce dont nous nous promîmes de faire l’épreuve