de blanc, les cheveux dénoués et tombant sur ses épaules, elle ressemblait à un ange qui s’envole. Son regard était absorbé et comme abîmé dans une contemplation invisible tout le bonheur du ciel était dans ses yeux, et de ce jour seulement j’ai compris le paradis !
Son immobilité était si complète, qu’au premier coup d’œil nous crûmes avoir devant les yeux une statue de cire mais nous reconnûmes bientôt la vie de l’âme, la vie profonde de la contemplation et de l’extase dans la sublime expression de son regard. Alors, presque suffoqué d’émotion, je tombai à genoux ; mes deux compagnons, partageant les mêmes impressions, avaient fait comme moi mais le père Capistran, croyant sans doute que cet hommage involontaire s’adressait Marie de Mœrl, tandis qu’il ne s’adressait qu’à Dieu, nous fit signe de nous relever.
Quand la première émotion fut passée, je contemplai la vierge plus attentivement. Quoiqu’elle eût alors trente ans, elle semblait en avoir à peine vingt-cinq ; ses traits n’étaient point très réguliers, elle avait les lèvres un peu épaisses, le visage un peu carré et un peu lourd, comme cela se rencontre souvent chez les Allemands, et cependant jamais on ne vit une beauté plus céleste elle était rayonnante de bonheur et d’amour ! Ses mains jointes et étendues étaient d’une blancheur mate, absolument semblables à celles d’une morte. D’abord nous ne vîmes point ses stigmates, qu’elle cache autant que possible par humilité mais, le père Capistran ayant abaissé les manchettes qui les recouvraient, nous reconnûmes que ses mains étaient percées d’une plaie d’un rouge vif, très nette et n’offrant aucune trace d’inflammation.
Plus je regardais cette créature angélique, plus je sentais en elle l’action évidente et supérieure de Dieu. Son regard n’était point un regard perdu, mais fixé au dehors