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grandes et saintes figures la vieille basilique n’évoque-t-elle pas dans les âmes !

C’est là en effet qu’eut lieu, en l’année 386, la translation des reliques de saint Gervais et de saint Protais, ces deux frères jumeaux, martyrs et fils de martyrs, dont la dépouille reposait ignorée depuis près d’un siècle, et dont le souvenir même s’était presque complètement perdu dans l’Église.

Les circonstances de la découverte miraculeuse de ces reliques et de leur translation sont si frappantes et portent des caractères si évidemment surnaturels, que je ne puis résister au désir de les rappeler ici. L’histoire de l’Église est pleine de ces faits admirables, qu’on oublie ou qu’on néglige trop, car il est impossible de les admettre sans croire en Jésus-Christ, et il est impossible de les nier sans accuser de mensonge ou de folie le témoignage authentique des plus saints des hommes, c’est-à-dire sans détruire le fondement de toute certitude historique. Voici donc ce que raconte saint Ambroise et ce que redisent, après lui, les voûtes sacrées de sa basilique.

C’était en l’an 386, alors que le saint évêque était en butte aux persécutions de l’impératrice Justine. Au fort même de la persécution, saint Ambroise avait consacré cette basilique, récemment construite, et le peuple chrétien lui demandait d’en faire la dédicace, comme il avait fait précédemment pour la basilique romaine, qu’il avait dédiée aux saints apôtres.

Saint Ambroise avait répondu « Je le ferai si je trouve des reliques des martyrs » ; et, dès ce moment, il se sentit comme un instinct prophétique qu’il en trouverait bientôt. En effet, Dieu lui révéla en songe que les corps de saint Gervais et saint Protais reposaient ensevelis et inconnus dans la basilique de Saint-Félix et de Saint-Nabor. Malgré les appréhensions de son clergé, il fit