le chrétien sent son âme remplie ! Quel passé ces vieux murs, cette chaire antique, ce pavé même, évoquent et ressuscitent dans son cœur ! Là vécurent, prièrent et pleurèrent les plus grands hommes qui aient honoré l’Église et le monde, saint Ambroise, le grand évêque, et Théodose, le grand empereur, saint Augustin, l’incomparable modèle des pêcheurs convertis, et sainte Monique, l’exemple de toutes les mères chrétiennes. Quels noms ! quelles figures ! quels souvenirs. C’est là, c’est dans cette humble église, que ces augustes personnages accomplirent les plus grands événements de leur passage en ce monde et les plus touchants aussi dont l’histoire ait gardé le souvenir.
C’est à ce seuil même que se tenait saint Ambroise, entouré de quelques prêtres et de jeunes enfants, désarmé selon les hommes, mais fort de la toute-puissance et de la majesté de Dieu, quand il osa refuser à Théodose coupable l’entrée de la maison du Seigneur. Ô misère de l’homme ! Ce même Théodose, ce grand, ce doux empereur qui s’écriait en délivrant des condamnés le jour de Pâques : « Plût à Dieu qu’il fût en mon pouvoir de ressusciter les morts ! » ce souverain magnanime qui, récemment, avait reconquis l’Occident sur l’usurpateur Maxime et qui l’avait rendu à Valentinien sous la seule condition de ne point persécuter l’Église ; ce prince chrétien et miséricordieux qui, la veille encore, étonnait l’univers, en pardonnant à la villte d’Antioche, coupable d’avoir, dans une sédition, brisé et outragé de mille manières ses statues, et qui répondait, les yeux pleins de larmes, au saint évêque Flavien lui demandant grâce pour son troupeau : « Qu’y a-t-il de merveilleux qu’un homme pardonne à des hommes, ses frères, quand Jésus-Christ, le Maître du monde, crucifié par les Juifs, demande pardon à son Père pour ses bourreaux ? Allez, mon père, retournez au mi-