était préparé la nuit précédente en demeurant huit heures à genoux, sans s’appuyer, immobile et comme ravi en extase. Dès lors, il parut plus que jamais abîmé en Jésus-Christ et complètement détaché des choses du monde. En disant la messe, il était tellement pénétré de Dieu et les larmes lui tombaient des yeux en telle abondance, qu’il lui fallait interrompre le saint sacrifice pour les essuyer : son visage, transfiguré, paraissait alors éclatant de lumière.
Ce fut le 24 octobre 1884, à la fin de cette retraite, qu’il ressentit les premiers symptômes de la maladie qui devait lui ouvrir le ciel. Il fallut l’ordre de son confesseur pour qu’il consentît à adoucir un peu ses austérités ; il permit qu’on fît cuire son pain dans de l’eau pure et qu’on mît un peu de paille sur les planches où il couchait. La fête de la Toussait approchait : il voulait la passer à Milan, et, malgré ses souffrances, il se mit dans une barque et partit. Il passa par Canobbio et par Ascone, disant la messe chaque matin, quoiqu’il fût déjà si faible, qu’il ne pouvait se relever seul après les génuflexions, s’occupant de bonnes œuvres et trouvant encore dans sa grande âme la force de prêcher le peuple de ces petites villes.
Forcé par les médecins de ralentir sa marche, il dut s’arrêter, la veille de la Toussaint, à Arona, lieu de sa naissance, et ce fut là qu’il passa le jour de la fête. Tout dévoré qu’il était par la fièvre, il se leva vers deux heures du matin, resta en oraison jusqu’au jour puis il récita son office, se confessa, ce qu’il faisait tous les jours, et dit la sainte messe à sept heures. Ce fut la dernière fois ; le lendemain, jour des Morts, sa faiblesse s’était tellement accrue, qu’il dut y renoncer. Néanmoins il se fit porter à l’église pour assister au saint sacrifice et y communia avec une grande ferveur ; puis il se mit dans une barque et partit pour Milan.
Quel spectacle attendrissant et solennel que celui de ce