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catholiques et protestants, avec la même affabilité et les mêmes égards. Ils ne demandent rien à personne et n’acceptent même aucune rétribution de leurs soins. Seulement, dans leur modeste chapelle, un tronc reçoit la pièce d’or du riche ou l’obole du pauvre ; ces aumônes sont destinées à embellir l’autel où ces saints religieux viennent puiser chaque jour, devant un Dieu présent et sacrifié, le courage de se sacrifier à leur tour pour ces mêmes hommes que leur divin Maître a tant aimés.

C’est une grande douceur pour un catholique de retrouver partout où il passe les traces vivantes et aimantes de la sainteté de sa foi, et souvent, à la vue de ces institutions charitables de tout genre que l’Église a fondées partout où elle a été libre, son âme s’exalte, et il s’écrie en lui-même avec émotion :

« Ô sainte Église de Jésus-Christ, que vous êtes belle dans votre fécondité et dans votre charité ! Votre charité embrasse toutes les misères, toutes les infortunes, et votre fécondité, vraiment surnaturelle, vous donne des enfants d’amour et de sacrifice pour accomplir partout les œuvres de votre charité ! Depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, dans les campagnes comme dans les cités, au sommet des montagnes comme dans les îles des mers, près du chevet des malades comme dans le cachot des condamnés, vous avez mis partout des serviteurs volontaires, serviteurs passionnés de l’âme et du corps ; vous avez donné des soutiens, des amis, des frères et des sœurs, des pères et des mères à ceux qui n’en avaient pas ou qui n’en avaient plus ! vous avez placé vos religieux et vos prêtres, comme des sentinelles perdues, partout où l’homme peut passer avec ses vices ou ses misères, et c’est vous, ô tendre mère du genre humain, qu’on retrouve en tous lieux et qu’on retrouve souvent seule, non seulement au sommet neigeux des montagnes,