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sance jusqu’à sa mort, sinon avec talent, du moins avec amour et avec vérité, qu’il me soit permis, comme récompense, d’adresser une prière et un adieu suprême à l’ami dont le cœur a été, pendant de longues et trop courtes années, si étroitement uni et comme confondu avec le mien.

Ô mon cher Hélion ! doux ami que j’ai tant chéri, dont le souvenir est lié dans mon âme à tant d’aimables souvenirs, toi près de qui j’ai traversé les plus difficiles années de la vie, toi dont la piété si douce a fait tant de bien à mon cœur et a si puissamment aidé, à ton insu peut-être, à établir ma vie dans le céleste amour et dans la vérité du haut de ce beau ciel où tu es à jamais heureux, jette encore un regard de tendresse sur ceux qui pleurent ton départ si prompt de la terre, et demande à ce Dieu saint, que tu vois face à face, qu’il les éclaire et les bénisse, qu’il affermisse les uns dans la piété, qu’il y ramène les autres, et qu’un jour il les réunisse tous à toi dans l’éternité de son amour !

Pour moi, je n’oublierai jamais l’affection qui lia si intimement nos âmes ; ton souvenir sera toujours un de mes plus chers souvenirs, et j’ai le ferme espoir, avec l’assistance divine, qu’après t’avoir serré la main pour la première fois sous les voûtes de Notre-Dame, au milieu de l’assemblée des fidèles, il me sera donné de t’embrasser un jour dans le ciel, au milieu de l’assemblée des élus, sous le regard et la bénédiction de Dieu !