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fréries d’hommes et de femmes, encore si vivantes et si nombreuses dans le Midi, se réunirent et se groupèrent avec leurs insignes, leurs ornements et leurs bannières ; puis le cortège funèbre se mit en marche avec cette lenteur solennelle des cérémonies chrétiennes. Le cercueil était porté par la confrérie des Pénitents, et suivi par la famille du défunt et par sa mère, qui avait voulu conduire son fils jusqu’à sa dernière demeure. Toute la population de Bargemont venait ensuite, pleine de tristesse et de recueillement ; la plupart de ces braves gens avaient connu Hélion de Villeneuve, l’avaient vu enfant, puis jeune homme, et l’avaient aimé pour ses qualités charmantes, qui le faisaient aimer de tout le monde. Aussi, les larmes des assistants, cet ornement si rare des funérailles, et que nul autre ne remplace, ne manquèrent-elles pas à son enterrement et peut-être, dans cette foule qui assistait à son service funéraire, ne se trouva-t-il pas une seule âme qui ne le regrettât sincèrement !

Quand le convoi fut parvenu à la chapelle de Notre-Dame, le curé célébra une grand-messe solennelle pour le repos de l’âme du défunt. Puis on descendit le cercueil dans le caveau mortuaire, et les restes inanimés d’Hélion de Villeneuve prirent possession de la dernière place qu’ils doivent occuper dans ce monde jusqu’au grand jour de la résurrection. On plaça son cercueil près de celui de son père, qu’il y avait pieusement conduit lui-même bien peu d’années auparavant. Sa mère s’agenouilla une fois encore à côté du cercueil, épancha son âme dans une longue et fervente prière, puis elle dit adieu aux chères dépouilles qui reposaient là ; et, quand le caveau eut été refermé, elle quitta la chapelle et le pays à l’instant même, et partit, laissant son fils, mais emportant Dieu, l’éternel consolateur de toutes les douleurs humaines ! Elle partit pour Paris, où l’attendaient, avec les