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III


La révolution de février, qui changea tant de choses, changea aussi la vie d’Hélion de Villeneuve, et signala pour lui le commencement d’une existence nouvelle. Du moment qu’il eut endossé cet uniforme de la garde nationale, qui, pendant quelques mois, mérita l’honneur d’être appelé un uniforme militaire, du moment qu’il fut descendu dans la rue au bruit du rappel, le fusil à la main, et qu’il eut goûté, dans les journées de février, comme en celles de juin, de quelques-unes des émotions de la vie militaire, sa vocation, encore incertaine à ses yeux, lui fut révélée, et il se dit : « J’étais né pour être soldat ! » Sa pensée alla même plus loin, et, dès ce premier moment, il laissa entrevoir qu’il le serait un jour.

Les exercices, les nuits de garde, les patrouilles, les bruits de l’émeute, la rue transformée en une sorte de camp en attendant qu’elle devînt un champ de bataille, tout cela l’enivrait de joie et il apportait à l’accomplissement de tous ces devoirs, nouveaux pour lui comme pour tant d’autres, non l’esprit de dévouement et de sacrifice d’un bon citoyen, mais l’esprit de gaieté et l’entrain d’un vieux soldat épris de son métier.

Dans les journées de février, comme dans les innombrables journées d’agitations qui suivirent, bien des fois nous parcourûmes ensemble les rues, les émeutes et les clubs lui, courant après le danger ; moi, courant après lui. Nous vîmes ensemble cette misérable émeute, qui devint en deux jours une révolution, se former, hasarder son avant-garde de gamins débraillés, puis grandir de-