un fils, passa les nuits auprès d’elle, lui prodigua les soins de tout genre, et, comme un ange consolateur, l’assista jusqu’à son dernier soupir. C’était ainsi qu’il se dévouait et qu’il aimait : je n’ai pas besoin de dire après cela s’il était aimé !
Ce besoin de dévouement, qui formait le fond de son âme comme de toutes les grandes âmes, s’alliait chez lui à un autre sentiment, qui est souvent la conséquence du premier, je veux dire l’amour du danger. Il faisait plus que braver le danger, sous quelque forme qu’il se présentât ; il le recherchait, il l’aimait comme tant d’autres aiment le plaisir : ce sentiment alla sans cesse se développant en lui, et finit par devenir en quelque sorte sa passion dominante. C’est ce qui explique bien des circonstances de sa vie et surtout la grande détermination qui le poussa, en Crimée, au devant du péril et de la mort.
Toutes les fois que des incendies éclataient à Nancy ou dans les villages environnants, au premier son du tocsin, au premier cri d’alarme, il était sur pied. Rien ne pouvait le retenir, il courait au feu, organisait les secours, n’épargnait ni sa peine ni sa personne, et, arrivé le premier sur le lieu du sinistre, il en partait toujours le dernier.
Un soir, entre autres, un violent incendie s’étant manifesté à trois lieues de Nancy, il partit aussitôt, et, ne trouvant ni cheval ni voiture, monta sur une des pompes, afin d’arriver avec les pompiers eux-mêmes sur le théâtre de l’incendie. Il passa la nuit à travailler, s’exposant au plus fort du danger, et revint à Nancy le lendemain matin, tout couvert de fumée, tout noirci par le feu, mais le visage radieux comme un soldat qui revient de sa première victoire. Tels furent ses premiers champs de bataille, tels étaient, dès sa première jeunesse, l’ardeur de