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de la terre, son âme, naturellement grande et travaillée par la grâce de Dieu et les soins de ses parents, était prête aussi à porter des fruits de tout genre pour le monde et pour le ciel. De ce point de départ, il pouvait s’avancer dans la vie sans témérité, mais avec une humble et ferme confiance, parce que son espérance n’était pas en lui-même, mais en Dieu ; exposé, comme tous les hommes, aux erreurs, aux passions, aux chutes même, mais à peu près certain de ne pas rester dans le mal s’il y posait le pied, et de revenir tôt ou tard à ce Dieu dont la foi était désormais inébranlable dans son cœur et dont l’amour avait rempli les premières années de sa vie.

Quand on commence ainsi l’existence, si le milieu en est quelquefois obscurci, la fin n’en est guère douteuse. Dieu se souvient des premiers sacrifices et du premier amour, et cet amour divin laisse dans le cœur qu’il a traversé des parfums impérissables : ils peuvent s’évaporer pour un moment au feu des passions ; mais, un jour ou l’autre, à l’heure marquée par Dieu dans son infinie miséricorde, ils se retrouvent au fond du cœur, pour mêler leur douceur céleste aux joies de la vie ou aux amertumes de la mort.


II


La piété extraordinaire d’Hélion de Villeneuve fit devancer pour lui l’âge habituel où les jeunes garçons sont admis à faire leur première communion, et il accomplit ce grand acte à dix ans. Il s’y prépara avec une admirable ferveur et reçut son Créateur et son Dieu le 26 juin 1836, jour anniversaire de sa naissance, avec un cœur