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IV

HÉLION DE VILLENEUVE-TRANS.


I


Il semble qu’il y ait peu de chose à dire sur la vie d’un jeune homme mort à vingt-neuf ans, sous-officier, après une existence qui n’eut rien d’extraordinaire aux yeux du monde que la manière dont elle fut brisée. Mais, quand on connaîtra tous les trésors cachés que renfermait l’âme de cet admirable jeune homme, tous les traits de ce caractère héroïque, tous les exemples qu’il a donnés dans sa vie et dans sa mort, on comprendra que j’écrive la vie d’Hélion de Villeneuve-Trans, non pas seulement pour satisfaire aux désirs de sa mère et aux penchants de mon propre cœur, mais pour en tirer de vives leçons et de profonds enseignements.

Après tout, la seule chose vraiment grande, vraiment intéressante dans l’homme, c’est son âme immortelle : les événements extérieurs n’ont eux-mêmes d’intérêt qu’en tant qu’ils servent à la manifester au dehors. Or, l’âme se manifeste dans les petites choses aussi bien que dans les grandes : souvent même elle s’y montre avec plus de vérité, de simplicité et de charme. Quand Dieu a mis dans une âme les qualités supérieures qui font les