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m. tocambel.

Je crois qu’il osera dire la vérité, ce qui n’est pas sans danger avec vous. Tenez, dans ce moment vous me détestez, vous voudriez me voir à cent lieues d’ici.

léontine, sanglotant.

Je vous croyais un ami, et vous ne l’êtes pas ; je comptais sur vous, qui avez de l’influence dans la famille, pour protéger ma pauvre Giselle, et vous l’accablez de votre mépris et de vos faux jugements. Pauvre enfant ! Pauvre ange calomnié ! »

Léontine sanglota de plus belle ; M. Tocambel resta impassible. De temps en temps il prenait une prise de tabac ; il attendit ainsi que la crise fût passée. Quand Léontine cessa de pleurer, il lui parla sérieusement, mais avec douceur, de sa trop grande faiblesse pour sa fille, du mal qu’elle lui faisait et du triste avenir qu’elle lui préparait. Il parvint à la faire consentir à une explication avec son frère.

m. tocambel.

Voulez-vous y aller avec moi ? Je vous donne toute ma fin de journée, s’il le faut.

léontine.

J’aimerais mieux attendre ; je suis trop émue, trop troublée maintenant. Mais que dire à Giselle ? Je ne puis croire qu’elle ait mis, comme vous le