Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/378

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un mot, mon amie, pour t’excuser. Je t’en prie, je t’en supplie.

giselle.

Non, ce serait considéré comme une défaite ; tous ces messieurs diront que vous êtes jaloux.

le duc.

Et quand ils le diraient, mon amie, ils ne seraient pas tout à fait dans le faux. »

La discussion continua quelques instants encore ; malgré les sollicitations les plus pressantes et les plus humbles, Giselle maintint sa volonté ; elle se coiffa, s’habilla et partit, croyant avoir beaucoup fait en s’étant laissé admirer pendant une demi-heure par son mari. Il resta seul et ne se coucha ni ne dormit jusqu’au retour de Giselle ; elle s’était beaucoup amusée ; il la reçut sans humeur et même avec tendresse ; elle l’en récompensa en lui racontant tous les plaisirs et les distinctions dont elle avait été l’objet ; elle l’embrassa, le cajola, l’assura qu’elle ne recommencerait pas ; que c’était à cause de la cour qu’elle avait cru devoir aller à ce bal. Elle fit si bien que le duc fut enchanté de sa femme, et qu’il l’aima et lui obéit plus que jamais.

Des scènes pareilles et bien plus vives se renouvelèrent souvent et finirent par amener du refroidissement. Deux ans après son mariage, Giselle