Page:Ségur - Quel amour d’enfant.djvu/354

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tante. Mais, pour être heureux en ménage, il faut que les goûts s’accordent ; il faut que les caractères s’assouplissent ; il faut le calme d’une affection dévouée, des deux côtés. C’est ce que vous trouverez en moi, Giselle ; mais vous, pensez-vous pouvoir arriver à cette affection qui engendre la douceur, la complaisance, le dévouement enfin ?

giselle.

L’affection, oui, Julien ; mais je ne veux pas m’enterrer à la campagne pour vivre en ours.

julien.

Ce n’est pas non plus ce que je vous demanderais ; j’aime la société et j’en aurais, tant au dehors qu’au dedans ; mais je n’aime pas ce qu’on appelle le monde, le grand monde, les plaisirs ruineux du monde ; vous savez ce que je veux dire ?

giselle.

Oui, oui, je le sais très bien, et ce qui m’ennuie, c’est que j’aime tout cela, moi ; mais écoutez, Julien, ne me pressez pas trop ; causons souvent bien franchement ; peut-être finirons-nous par nous accorder sur ce qui vous semble si discordant maintenant ; peut-être mon affection pour vous deviendra-t-elle plus vive, assez vive pour changer mes goûts et même mes idées. Je sais