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tée ou seulement mécontente ; les yeux de velours avaient un regard d’acier ; sa peau rougissait, sa gaieté faisait place à un air maussade, grognon, furieux même, selon le degré de l’irritation qui la dominait.

Les premiers jours de son arrivée furent irréprochables ; mais un matin, en entrant au salon, où se trouvaient ses trois jeunes tantes, ses trois cousins, le mari de Laurence et quelques autres amis, Giselle trouva le fauteuil de sa mère occupé par Blanche.

giselle.

Ma tante, voulez-vous me donner mon fauteuil ?

blanche.

Comment, ton fauteuil ! D’abord, c’est le fauteuil de ta mère ; ensuite une petite fille n’a pas son fauteuil dans un salon ; et enfin une nièce ne déplace pas sa tante, surtout quand la nièce n’a que quatorze ans.

giselle, vivement.

Je ne suis pas une petite fille ; à quatorze ans on est une jeune personne. Et puis, je prends toujours le fauteuil de maman quand elle n’y est pas.

blanche.

Mais comme j’y suis, j’y reste.