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drions un compartiment tout entier et nous pleurerions à notre aise.

madame de monclair.

C’est précisément ce que je veux éviter et ce qui ferait mal à Giselle. Évitez-lui le chagrin de vous voir pleurer. Elle-même m’en a parlé ; elle le redoute beaucoup, et elle m’a priée d’arranger les choses pour que je sois seule à l’accompagner. Pierre, Noémi et tes sœurs resteront avec toi une quinzaine encore.

léontine.

Et je reprendrai ma vie isolée et malheureuse.

madame de monclair.

Malheureuse, non ; tu as un mari qui t’aime ; un frère, des sœurs qui t’aiment ; une tante qui ne te déteste pas, ajouta-t-elle en riant. D’ailleurs, veux-tu que je te revienne après avoir terminé mes affaires à Paris ? Ma fille est en Algérie avec son mari, je suis seule avec le père Toc, que je ramènerai, n’est-ce pas, mon ami ? N’allez pas dire non, car vous reviendrez tout de même.

m. tocambel.

Est-ce que j’ai la liberté de dire non, quand vous avez dit oui ? Je serais bientôt mis en pièces, grâce à votre douceur angélique.

madame de monclair, riant.

Assez ; on ne vous demande pas tant de paroles.