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cherchaient à lui complaire, plus elle montrait d’exigence. Avec Mme de Monclair et son oncle Pierre, on retrouvait la Giselle du couvent, assez docile, presque raisonnable. Cette différence était trop visible pour échapper à la maternité jalouse de Léontine ; elle s’en affligeait et ne savait quel moyen prendre pour obtenir de sa fille ce que les autres en recevaient sans l’avoir demandé.

Enfin, elle parut comprendre qu’elle en faisait trop, et que cet excès de complaisance lui faisait perdre le respect de sa fille sans gagner son affection ; elle voulut essayer d’une conduite différente.

Un jour de sortie, Giselle bâillait dans un coin du salon ; Léontine semblait ne pas y faire attention ; elle lisait.

« Maman ! dit enfin Giselle.

léontine.

Que veux-tu, Giselle ?

giselle.

Pourquoi m’appelez-vous Giselle ?

léontine.

Et comment veux-tu que je t’appelle ?

giselle.

Comme vous m’appelez toujours : cher ange ou cher amour.

léontine.

Tu n’es ni un ange ni un amour ; je te donne