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« Cédez, cédez, Victor ; n’ayez pas peur ; elle n’y restera pas huit jours.

m. de gerville.

Vous croyez, ma tante ?

madame de monclair.

C’est évident ; et si vous l’excitez, nous allons avoir une grêle d’impertinences et un déluge de larmes. »

Victor hésitait encore : Giselle se jeta à son cou, l’embrassa, le combla de caresses. Il dit oui enfin ; Giselle poussa un cri de triomphe. Léontine étouffa un gémissement ; M. de Gerville, étourdi, hors de lui, croyait rêver. Le domestique annonça le dîner ; ils passèrent tous dans la salle à manger machinalement, sans se rendre compte de ce qui venait de se passer.

Pendant le dîner, Mme de Monclair fit si bien par ses plaisanteries, par ses persiflages bienveillants du beau parti que prenait Giselle, par ses recommandations de tenir les portes ouvertes pour que Giselle puisse rentrer à la maison sans esclandre, etc., que Victor et Léontine finirent par se persuader bien réellement que leur fille ne ferait qu’une absence de quelques jours. Le calme fut rétabli, la gaieté même revint. Quand Pierre, Noémi et ses sœurs vinrent le soir d’après la demande instante de Léontine,