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elle cherchait à se persuader que son cœur était bon, que son affection pour ses parents était vive et sincère, que les petits défauts de son caractère s’effaceraient par le raisonnement et les années. Elle se sentait très irritée contre Pierre, qu’elle trouvait cruel et absurde. Son conseil de mettre Giselle au couvent la révoltait.

Absorbée par ses pensées, elle ne vit pas et n’entendit pas sa tante Monclair entrer dans sa chambre. Voyant Léontine si absorbée, Mme de Monclair fit signe du doigt à Giselle de la suivre et de sortir sans bruit. Giselle se leva doucement et suivit sa tante dans le salon.

madame de monclair.

Giselle, mets-toi là, et réponds-moi sincèrement. Je commence par te dire que je sais tout : j’ai vu Mlle Rondet chez la petite de Mouny qui était avec toi aux Champs-Élysées ; j’ai vu Lucie de Ternac, elle y était aussi. J’ai vu ton oncle Pierre et la bonne de tes cousins ; je suis donc au courant de tout ce qui s’est passé. Tu as très mal agi en tout et partout avec Mlle Rondet, tu as agi méchamment, sottement, lâchement ; avec tes amies des Champs-Élysées, tu as été, à propos de leurs parents, grossière, méchante, mal élevée ; vis-à-vis de ton pauvre père, tu as été ingrate, révoltante, abominable. Voilà pour