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un dans chacune de vos poches ; personne ne pourra les voir comme cela.

m. de gerville.

Pas du tout ; je ne veux pas avoir l’air d’un voleur. »

Giselle eut beau supplier son père, il refusa de lui laisser prendre le lot de M. Tocambel et lui promit seulement d’aller de suite lui acheter des brodequins tout semblables.

Il sortit. Giselle resta seule ; les enfants étaient au jardin. Elle regarda encore les brodequins tant désirés, hésita un instant, puis, cédant à la tentation, elle les saisit et en mit un dans chacune de ses poches.

Pour son malheur, un des enfants l’avait vue saisir quelque chose et puis se sauver. Il alla voir ce qui manquait à la place que venait de quitter Giselle et il s’aperçut que c’étaient les brodequins de M. Tocambel qui étaient disparus. Il courut rejoindre ses amis et leur raconta ce qu’il venait de voir.

La nouvelle circula bien vite parmi les enfants ; chacun faisait ses réflexions sur ce vol abominable ; peu d’enfants y voulaient croire, lorsqu’un des plus grands et des plus futés proposa d’aller voir au petit salon si les brodequins y étaient encore.

« Ils y étaient il y a cinq minutes, dit-il ; c’est