Elle-même le sentait ; son visage s’était éclairci ; sa colère avait fait place à un sourire satisfait ; elle reçut sans bouderie les regrets exprimés par les enfants et eut l’air de ne plus songer qu’à s’amuser.
Guignol ne tarda pas à tirer son rideau et commença sa représentation, qui excita, comme toujours, la joie et la gaieté : Guignol se surpassa ; Polichinelle fut plein d’esprit et de méchanceté ; le commissaire fut plus malin que jamais ; les autres personnages, y compris le diable, furent charmants, chacun dans son genre.
La représentation finit au grand regret de tous les spectateurs. Il y eut un ah ! général quand le rideau se rouvrit, et que Polichinelle et le diable apparurent tenant chacun un sac à la main.
Polichinelle n’a pas très bon ton, comme le savent tous ceux qui l’ont entendu ; il se mit à crier :
« Sac à papier ! arrêtez donc, vous autres ; mon ami le diable et moi, nous avons quelque chose à vous donner… Ventre-saint-gris ! vous n’entendez pas ? Arrivez tous, chacun votre tour. Tendez la main. »
Les enfants défilèrent l’un après l’autre et reçurent chacun un billet de loterie noir du diable et deux billets rouges de Polichinelle.
Le diable, en donnant son billet, tirait la langue,