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Giselle se jeta dans les bras de sa mère et commença la phrase que lui avait conseillée Mme sa tante ; mais, comme l’avait prévu Mme de Monclair, Léontine serra si fort sa fille contre son cœur, et l’embrassa tant et tant, que Giselle ne put en dire que les premiers mots.

Quand Léontine lui rendit la liberté de ses mouvements, Giselle se retourna vers son père et dit tout au long la phrase convenue avec sa tante. La surprise avait rendu Victor immobile ; ses yeux étonnés, sa bouche entr’ouverte, l’immobilité de toute sa personne, firent éclater de rire Mme de Monclair ; Giselle ne put s’empêcher de partager un peu la gaieté de sa tante ; elle embrassa son père en riant.

m. de gerville.

Comment, Giselle ! Comment, que dis-tu, que me demandes-tu ? Je crois avoir mal entendu.

giselle.

Mon pauvre papa, je vous demande de laisser maman me gronder, me punir à son idée, parce que je sais que je l’ai bien mérité quand elle le fait.

m. de gerville.

Mais, ma pauvre petite, tu ne le mérites presque jamais. Si je ne te protège pas, tu seras très malheureuse.