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tine voulut l’embrasser, mais Giselle détourna la tête et sortit sans regarder personne.

Léontine restait immobile, pensive et triste. Pierre la laissa réfléchir ; mais quand il vit une larme perler dans ses yeux, il lui prit les mains, l’embrassa et lui dit :

« Tu as très bien mené l’affaire, ma bonne Léontine, très habilement ; tu as présenté la fête comme appât pour faire passer la colère et pour te faire obéir ; tu as parlé avec fermeté ; aussi as-tu réussi mieux et plus vite que je n’osais l’espérer.

léontine.

Tu trouves, Pierre ? Tu n’as donc pas vu comme elle m’a repoussée quand j’ai voulu l’embrasser ?

pierre.

Je l’ai très bien vu et je m’y attendais. Il était difficile qu’il en fût autrement. Elle se voyait obligée de céder sur tous les points ; elle n’a pas même essayé de te résister ; évidemment elle a dû souffrir dans son orgueil et dans sa nature violente. Mais ce n’est rien du tout, cela. Ne t’en inquiète pas. Et quand je te dis que tu as remporté une victoire complète, tu peux me croire ; tu dois espérer au contraire que l’avenir ne sera pas sombre, comme nous le redoutions hier encore.