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une exclamation de mécontentement, et quitta le piano.

madame de monclair.

Eh bien, quoi ? Qu’est-ce que c’est ? Un danseur et une danseuse de plus ! Léontine, tais-toi, ne bouge pas. Je vais tout arranger. Pierre, prends Giselle ; Victor, venez près de moi. Les trois cousins, prenez chacun une cousine. Père Toc, faites danser les petits et battez la mesure. En place les danseurs. Chassé-croisé ! »

Et avant que Giselle et Victor eussent compris ce qu’on allait faire, ils recommencèrent une contredanse semblable à la dernière. Léontine, un peu troublée, se trompa, manqua la mesure, mais personne n’y fit attention, tant on était animé à sauter, à tourner, à pirouetter. Giselle, troublée, en entrant, du tumulte et de l’exclamation de sa mère, fut entraînée par la gaieté des danseurs. Victor lui-même perdit sa gravité, et la contredanse n’était pas finie, que personne ne songeait ni à l’entrée imprévue de Giselle, ni à ses méfaits précédents. Léontine elle-même, enchantée de voir Giselle rire et danser, donnait à sa musique une vivacité, un éclat qui augmentait l’entrain général. À une contredanse en succéda une autre, puis une autre, puis un galop monstre, après lequel tous, d’un commun accord, demandèrent grâce.