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je ferai pour votre service tout ce que vous me commanderez.

— En vérité ? Eh bien, écoute : ta physionomie me plaît ; je suis un des génies de la montagne, et je te ferai passer ce mur si tu veux me remplir mes caves. Voici toutes mes vignes ; cueille le raisin, écrase-le ; mets-en le jus dans mes tonneaux, et range mes tonneaux dans mes caves. Tu trouveras tout ce qui te sera nécessaire au pied de ce mur. Quand ce sera fait, appelle-moi. »

Et le Géant disparut, refermant le mur derrière lui.

Henri regarda autour de lui ; à perte de vue s’étendaient les vignes du Géant.

« J’ai bien ramassé tous les blés du petit Vieillard, se dit Henri, je pourrai bien cueillir les raisins du Géant ; ce sera un travail moins long et moins difficile de mettre le raisin en vin que de mettre le blé en pains. »

Henri ôta sa veste, ramassa une serpette qu’il trouva à ses pieds, et se mit à couper les grappes et à les jeter dans des cuves. Il fut trente jours à faire la récolte. Quand tout fut cueilli, il écrasa le raisin et en versa le jus dans des tonneaux, qu’il rangeait dans des caves à mesure qu’il les remplissait ; il fut quatre-vingt-dix jours à faire le vin. Lorsque tout le vin fut prêt, les tonneaux bien mis en ordre, les caves bien arrangées, Henri appela le Géant, qui apparut immédiatement, examina les tonneaux, goûta le vin du premier et du dernier, se tourna vers Henri et lui dit :