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« Que sont devenues, dit-elle, les gazelles qui nous servaient ?

— Vous les avez vues, chère Blondine : ce sont les jeunes personnes qui vous ont accompagnée jusqu’ici ; elles avaient, comme nous, subi cette triste métamorphose.

— Et la bonne vache qui m’apportait du lait tous les jours ?

— C’est nous qui avons obtenu de la reine des fées de vous envoyer ce léger adoucissement ; les paroles encourageantes du Corbeau, c’est encore de nous qu’elles venaient.

— C’est donc vous, Madame, qui m’avez aussi envoyé la Tortue ?

— Oui, Blondine ; la reine des fées, touchée de votre douleur, retira au génie de la forêt tout pouvoir sur vous, à la condition d’obtenir de vous une dernière preuve de soumission en vous obligeant à ce voyage si long et si ennuyeux, et de vous infliger une dernière punition en vous faisant croire à la mort de mon fils et à la mienne. J’ai prié, supplié la reine des fées de vous épargner au moins cette dernière douleur, mais elle a été inflexible. »

Blondine ne se lassait pas d’écouter, de regarder, d’embrasser ses amis perdus depuis si longtemps, qu’elle avait cru ne jamais revoir. Le souvenir de son père se présenta à son esprit. Le prince Parfait devina le désir de Blondine et en fit part à la fée.

« Préparez-vous, chère Blondine, à revoir votre père ; prévenu par moi, il vous attend. »