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Blondine de sa baguette. Blondine revint immédiatement à elle ; mais, désolée, sanglotante, elle s’écria :

« Laissez-moi mourir, la vie m’est odieuse ; plus d’espoir, plus de bonheur pour la pauvre Blondine ; mes amis, mes chers amis, je vous rejoindrai bientôt.

— Blondine, chère Blondine, dit la fée en la serrant dans ses bras, tes amis vivent et t’aiment : je suis Bonne-Biche, et voici mon fils Beau-Minon. Le méchant génie de la forêt des Lilas, profitant d’une négligence de mon fils, était parvenu à s’emparer de nous et à nous donner les formes sous lesquelles vous nous avez connus ; nous ne devions reprendre nos formes premières que si vous enleviez la Rose que je savais être votre mauvais génie et que je retenais captive. Je l’avais placée aussi loin que possible de mon palais, afin de la soustraire à vos regards ; je savais les malheurs auxquels vous vous exposeriez en délivrant votre mauvais génie de sa prison, et le ciel m’est témoin que mon fils et moi nous eussions volontiers resté toute notre vie Bonne-Biche et Beau-Minon à vos yeux, pour vous épargner les cruelles douleurs par lesquelles vous avez passé. Le Perroquet est parvenu jusqu’à vous malgré nos soins ; vous savez le reste, ma chère enfant ; mais ce que vous ne savez pas, c’est tout ce que nous avons souffert de vos larmes et de votre isolement. »

Blondine ne se lassait pas d’embrasser la fée, de la remercier, ainsi que le prince ; elle leur adressait mille questions :