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— Suivez-moi, princesse », reprit la jeune personne.

Blondine la suivit en tremblant ; elle traversa plusieurs beaux salons, rencontra plusieurs jeunes personnes vêtues comme celle qui la précédait, et qui la regardaient en souriant et d’un air de connaissance ; elle arriva enfin dans un salon semblable en tous points à celui qu’avait Bonne-Biche dans la forêt des Lilas.

Ce souvenir la frappa si douloureusement qu’elle ne s’aperçut pas de la disparition de la jeune personne blanche ; elle examinait avec tristesse l’ameublement du salon ; elle n’y remarqua qu’un seul meuble que n’avait pas Bonne-Biche dans la forêt des Lilas : c’était une grande armoire en or et en ivoire d’un travail exquis ; cette armoire était fermée. Blondine se sentit attirée vers elle par un sentiment indéfinissable, et elle la contemplait sans en pouvoir détourner les yeux, lorsqu’une porte s’ouvrit : une dame belle et jeune encore, magnifiquement vêtue, entra et s’approcha de Blondine.

« Que me voulez-vous, mon enfant ? lui dit-elle d’une voix douce et caressante.

— Oh ! Madame, s’écria Blondine en se jetant à ses pieds, on m’a dit que vous pouviez me donner des nouvelles de mes chers et excellents amis Bonne-Biche et Beau-Minon. Vous savez sans doute, Madame, par quelle coupable désobéissance je les ai perdus ; longtemps je les ai pleurés, les croyant morts : mais la Tortue qui m’a amenée