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de pied de Blondine, il poussa un cri lugubre et s’enfuit du côté du palais.

Blondine frémit en entendant ce cri ; elle s’arrêta, fut sur le point de rappeler Beau-Minon, de renoncer à la Rose, de tout raconter à Bonne-Biche ; mais une fausse honte l’arrêta, elle marcha vers la porte, l’ouvrit non sans trembler, et se trouva dans la forêt.

Le Perroquet ne tarda pas à la rejoindre.

« Courage, Blondine ! encore une heure et vous aurez la Rose, et vous reverrez votre père. »

Ces mots rendirent à Blondine la résolution qu’elle commençait à perdre ; elle marcha dans le sentier que lui indiquait le Perroquet en volant de branche en branche devant elle. La forêt, qu’elle avait crue si belle, près du parc de Bonne-Biche, devint de plus en plus difficile : les ronces et les pierres encombraient le sentier ; on n’entendait plus d’oiseaux ; les fleurs avaient disparu ; Blondine se sentit gagner par un malaise inexplicable ; le Perroquet la pressait vivement d’avancer.

« Vite, vite, Blondine, le temps se passe ; si Bonne-Biche s’aperçoit de votre absence et vous poursuit, elle me tordra le cou et vous ne verrez jamais votre père. »

Blondine, fatiguée, haletante, les bras déchirés, les souliers en lambeaux, allait déclarer qu’elle renonçait à aller plus loin, lorsque le Perroquet s’écria :

« Nous voici arrivés, Blondine ; voici l’enclos où est la Rose. »