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ennui parce qu’elle s’occupait beaucoup, mais elle s’attristait quelquefois ; elle ne pouvait causer qu’avec Bonne-Biche, et Bonne-Biche n’était avec elle qu’aux heures des leçons et des repas. Beau-Minon ne pouvait répondre et se faire comprendre que par des signes. Les gazelles servaient Blondine avec zèle et intelligence, mais aucune d’elles ne pouvait parler.

Blondine se promenait accompagnée toujours de Beau-Minon, qui lui indiquait les plus jolies promenades, les plus belles fleurs. Bonne-Biche avait fait promettre à Blondine que jamais elle ne franchirait l’enceinte du parc et qu’elle n’irait jamais dans la forêt. Plusieurs fois Blondine avait demandé à Bonne-Biche la cause de cette défense. Bonne-Biche avait toujours répondu en soupirant :

« Ah ! Blondine, ne demandez pas à pénétrer dans la forêt ; c’est une forêt de malheur. Puissiez-vous ne jamais y entrer ! »

Quelquefois Blondine montait dans un pavillon qui était sur une éminence au bord de la forêt ; elle voyait des arbres magnifiques, des fleurs charmantes, des milliers d’oiseaux qui chantaient et voltigeaient comme pour l’appeler. « Pourquoi, se disait-elle, Bonne-Biche ne veut-elle pas me laisser promener dans cette forêt ? Quel danger puis-je y courir sous sa protection ? »

Toutes les fois qu’elle réfléchissait ainsi, Beau-Minon, qui paraissait comprendre ce qui se passait en elle, miaulait, la tirait par sa robe et la forçait à quitter le pavillon.