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Tandis qu’Ourson parlait ainsi, la fée donna un léger coup de sa baguette de perles sur Violette, un second coup sur Ourson et dit :

« Qu’il soit fait selon le vœu de ton cœur, ma fille !… Qu’il soit fait contre tes désirs, mon fils ! »

Au même instant, la figure, les bras, tout le corps de Violette se couvrirent des longs poils soyeux qui avaient quitté Ourson ; et Ourson apparut avec une peau blanche et unie qui faisait ressortir son extrême beauté. Violette le regardait avec admiration, pendant que lui, les yeux baissés et pleins de larmes, n’osait envisager sa pauvre Violette, si horriblement métamorphosée ; enfin il la regarda, se jeta dans ses bras, et tous deux pleurèrent. Ourson était merveilleusement beau ; Violette était ce qu’avait été Ourson, sans forme, sans beauté comme sans laideur. Quand Violette releva la tête et regarda Agnella, celle-ci lui tendit les mains.

« Merci, ma fille, ma noble et généreuse enfant ! dit Agnella.

— Mère, dit Violette à voix basse, m’aimerez-vous encore ?

— Si je t’aimerai, ma fille chérie ! cent fois, mille fois plus qu’auparavant !

— Violette, dit Ourson, ne crains pas d’être laide à nos yeux. Pour moi, tu es plus belle cent fois que lorsque tu avais toute ta beauté ; pour moi, tu es une sœur, une amie incomparable, tu seras toujours la compagne de ma vie, l’idéal de mon cœur. »