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— Violette ! Violette ! s’écria Ourson terrifié. Violette, reprends tes paroles ; tu ne sais pas à quoi tu t’engages, tu ignores la vie d’angoisses et de misère, la vie de solitude et d’isolement à laquelle tu te condamnes, la désolation incessante qu’on éprouve de se voir en horreur à tout le genre humain ! Ah ! Violette, Violette, de grâce, retire tes paroles.

— Cher Ourson, dit Violette avec calme mais avec résolution, en faisant ce que tu crois être un grand sacrifice, j’accomplis le vœu le plus cher à mon cœur, je travaille à mon propre bonheur. Je satisfais à un besoin ardent, impérieux, de te témoigner ma tendresse, ma reconnaissance. Je m’estime en faisant ce que je fais, je me mépriserais en ne le faisant pas.

— Arrête, Violette, un instant encore ; réfléchis, songe à ma douleur quand je ne verrai plus ma belle, ma charmante Violette, quand je craindrai pour toi les railleries, l’horreur des hommes. Oh ! Violette, ne condamne pas ton pauvre Ourson à cette angoisse. »

Le charmant visage de Violette s’attrista ; la crainte de l’antipathie d’Ourson la fit tressaillir ; mais ce sentiment tout personnel fut passager ; il ne put l’emporter sur sa tendresse si dévouée.

Pour toute réponse, elle se jeta dans les bras d’Agnella et dit :

« Mère, embrassez une dernière fois votre Violette blanche et jolie. »

Pendant qu’Agnella, Ourson et Passerose l’em-