Page:Ségur - Nouveaux contes de fées.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une ménagerie ; on te jettera dans une fosse avec tes frères les ours. Tu en auras, de l’ouvrage, à te défendre de leurs griffes. Arrière, canaille ! disparais, si tu ne veux pas aller à la ménagerie. »

Et, brandissant son bâton, il en eût frappé Ourson, si celui-ci ne se fût promptement esquivé.


XI

LE SACRIFICE


Ourson marcha vers sa demeure, découragé, triste, abattu. Il allait lentement ; il arriva tard à la ferme. Violette courut au-devant de lui, lui prit la main, et, sans dire un mot, l’amena devant sa mère. Là elle se mit à genoux et dit :

« Ma mère, je sais ce que notre bien-aimé Ourson a souffert aujourd’hui. En son absence, la fée Rageuse m’a tout conté, la fée Drôlette m’a tout confirmé… Ma mère, quand vous avez cru Ourson perdu à jamais pour vous, pour moi, vous m’avez révélé ce que, dans sa bonté, il voulait me cacher. Je sais que je puis, en prenant son enveloppe, lui rendre la beauté qu’il devait avoir. Heureuse, cent fois heureuse de pouvoir reconnaître ainsi la tendresse, le dévouement de ce frère bien-aimé, je demande à faire l’échange permis par la bonne fée Drôlette, et je la supplie de l’opérer immédiatement.