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pensée que Violette pouvait le débarrasser de sa laide fourrure. Il marcha encore et aperçut un château dont les abords étaient animés par une foule d’hommes qui allaient, venaient et travaillaient tous à des ouvrages différents. Les uns ratissaient, les autres fauchaient, ceux-ci pansaient les chevaux, ceux-là bêchaient, arrosaient, semaient.

« Voilà une maison où je trouverai certainement de l’ouvrage, dit Ourson. Je n’y vois ni femmes ni enfants : les hommes n’auront pas peur de moi, je pense. »

Ourson s’approcha sans qu’on le vît ; il ôta son chapeau et se trouva devant un homme qui paraissait devoir être un intendant.

« Monsieur… », dit-il.

L’homme leva la tête, recula d’un pas quand il vit Ourson, et l’examina avec la plus grande surprise.

« Qui es-tu ? Que veux-tu ? dit-il d’une voix rude.

— Monsieur, je suis le fils de la fermière Agnella, maîtresse de la ferme des Bois.

— Eh bien ! Pourquoi viens-tu ici ?

— Notre ferme a brûlé, Monsieur. Je cherche de l’ouvrage pour faire vivre ma mère et ma sœur. J’espérais que vous voudriez bien m’en donner.

— De l’ouvrage ? À un ours ?

— Monsieur, je n’ai de l’ours que l’apparence ; sous cette enveloppe qui vous répugne, bat un cœur d’homme, un cœur capable de reconnaissance