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Sous peu de jours, il manquera quelque chose à ton bonheur. C’est ici que tu le trouveras. Au revoir, Ourson !

« — Au revoir, Madame ! et bientôt, j’espère…

« — Quand tu me reverras, tu ne seras guère content, mon pauvre enfant, et tu voudras bien alors ne m’avoir jamais vue. Silence et adieu ! »

Et elle s’envola en riant, laissant après elle un parfum délicieux et quelque chose de suave, de bienfaisant, qui répandait le calme dans mon cœur. Je ne souffrais plus, je t’attendais. »

Violette, à son tour, avait mieux compris pourquoi le retour de la fée ne serait pas bien vu d’Ourson. Depuis que la confidence d’Agnella lui avait révélé la nature du sacrifice qu’elle pouvait s’imposer, elle était décidée à l’accomplir malgré la résistance inévitable d’Ourson. Elle ne songeait qu’au bonheur de lui donner un immense témoignage d’affection. Cette espérance doublait sa joie de l’avoir retrouvé.

Quand Ourson eut fini son récit, ils entendirent la voix éclatante de Passerose, qui leur criait :

« Voilà, voilà l’échelle, mes enfants… Je vous la descends… Prenez garde qu’elle ne vous tombe sur la tête… Vous devez avoir des provisions ; montez-les donc, s’il vous plaît ; nous sommes un peu à court là-haut. Depuis deux jours je n’ai avalé que du lait et de la poussière ; votre mère et Violette n’ont vécu que d’air et de leurs larmes… Doucement donc… Prenez garde de briser les échelons… Madame, Madame, les voici : voici la