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sions que voici, mais auxquelles je n’ai pas touché ; quelques gorgées de vin m’ont suffi. La certitude de ton désespoir et de celui de notre mère me rendait si malheureux, que la fée Drôlette eut pitié de moi : elle m’apparut sous tes traits, chère Violette. Je la pris pour toi, et je m’élançai pour te saisir dans mes bras, mais je ne trouvai qu’une forme vague comme l’air, comme la vapeur. Je pouvais la voir, mais je ne pouvais la toucher.

« Ourson, me dit la fée en riant, je ne suis pas Violette ; j’ai pris ses traits pour mieux te témoigner mon amitié. Rassure-toi, tu la verras demain. Elle pleure amèrement parce qu’elle te croit mort, mais demain je te l’enverrai ; elle te fera visite au fond de ton puits ; elle t’accompagnera quand tu sortiras de ce tombeau, et tu verras ta mère, et le ciel, et ce beau soleil que ni ta mère ni Violette ne veulent plus contempler, mais qui leur paraîtra bien beau quand tu seras près d’elles. Tu reviendras plus tard dans ce puits ; il contient ton bonheur.

« — Mon bonheur ? répondis-je à la fée. Quand j’aurai retrouvé ma mère et Violette, j’aurai retrouvé tout mon bonheur.

« — Crois ce que je te dis ; ce puits contient ton bonheur et celui de Violette.

« — Le bonheur de Violette, Madame, est de vivre près de moi et de ma mère. »

— Ah ! que tu as bien répondu, cher Ourson, interrompit Violette. Mais que dit la fée ?

« — Je sais ce que je dis, me répondit-elle.