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des siècles aux trois femmes qui attendaient la mort ou la vie. Ourson ne paraissait pas. Le craquement du bois brûlé, le ronflement des flammes, augmentaient de violence. Tout à coup un bruit terrible, affreux, fit pousser à Violette et à Agnella un cri de désespoir.

Toute la toiture s’était écroulée, tout brûlait ; Ourson restait enseveli sous les décombres, écrasé par les solives, calciné par le feu.

Un silence de mort succéda bientôt à cette sinistre catastrophe… Les flammes diminuèrent, s’éteignirent ; aucun bruit ne troubla plus le désespoir d’Agnella et de Violette.

Violette était tombée dans les bras d’Agnella ; toutes deux sanglotèrent longtemps en silence. Le jour vint. Passerose contemplait ces ruines fumantes et pleurait. Le pauvre Ourson y était enseveli, victime de son courage et de son dévouement. Agnella et Violette pleuraient toujours amèrement ; elles ne semblaient ni entendre ni comprendre ce qui se passait autour d’elles.

« Éloignons-nous d’ici », dit enfin Passerose.

Ni Agnella ni Violette ne répondirent.

Passerose voulut emmener Violette.

« Venez, dit-elle, venez, Violette, chercher avec moi un abri pour ce soir ; la journée est belle…

— Que m’importe un abri ? sanglota Violette. Que m’importe le soir, le matin ? Il n’est plus de belles journées pour moi ! Le soleil ne luira plus que pour éclairer ma douleur !

— Mais si nous restons ici à pleurer, nous